la maison d'Electra

La maison était située près de l'église. Elle ne payait pas de mine vue de l'extérieur avec ses murs de pierres chaulés, sa toiture de chaume, sa cheminée un peu de travers, sa petite porte en bois et ses deux fenêtres étroites en façade (étroites pour conserver la chaleur en hiver).
Par contre, dès qu'on pénétrait à l'intérieur, une douce lumière tamisée venant d'un feu qui semblait couver à perpétuité dans la cheminée vous réchauffait le corps autant que le coeur. Cette douce lumière se reflétait sur les solides mais confortables meubles en bois et la grande table semblait en elle-même une invitation à rester manger ou pour le moins à siroter quelque breuvage.
Il régnait une odeur étrange et suave d'épices et d'herbes de la forêt mêlée d'autres parfums plus indéfinissables qui était le reflet même de la maitresse des lieux.
Un peu à l'écart, près d'une fenêtre trônait une collection de dés à coudre, de fils et d'étoffes qui attendaient de se transformer en vêtements de qualité.
A l'étage se trouvait la chambre d'Electra très simplement meublée d'un lit à baldaquin en bois tourné et d'une coiffeuse dans le même style sur laquelle était posée un broc pour les ablutions matinales. Dans un coin de la pièce un coffre qui contenait ses effets personnels et une étagère avec de vieux livres complétaient le mobilier.

Electra ouvrit la porte de chez elle ; elle était partie depuis un sacré bout de temps et le feu s'était éteint dans la cheminée. Elle commença par faire une bonne flambée avant d'ôter son manteau.

*Brrr, quel temps pourri ! j'ai bien fait de rentrer directement chez moi. Allez au dodo, peut-être que demain la neige aura fini de tomber.*

Elle remplit la bassinoire, la passa dans le lit, se déshabilla rapidement et se glissa dans les draps tout chauds.

Electra se réveilla aux premières lueurs du jour : le temps de mettre un peu d'ordre chez elle la matinée était déjà bien avancée. Elle décida de se rendre à l'auberge pour voir si de nouvelles personnes étaient arrivées.
Poussant la porte elle aspira à pleins poumons l'air frais du dehors :

*Hum, ça sent le début du printemps on dirait, en tout cas la neige a fondu c'est déjà ça, je vais pourvoir récupérer quelques perce-neiges au passage, cela égaiera un peu l'auberge !*

Electra ouvrit un oeil, s'étira longuement, repoussa les couvertures... et les remit aussitôt !

*Mon dieu, mais on gèle ici, c'est bien la 1ère fois que le feu s'éteint de la sorte dans l'âtre... En plus je suis tout engourdie, ça doit être ce froid de canard ! bon allez, debout !*

Toute grelotante et enveloppée dans sa couverture Electra entreprit de ranimer la flamme qui bientôt se mit à crépiter dans la cheminée. Puis elle s'habilla et descendit dans la salle à manger et fit de même avec le foyer du bas. Voyant par la petite fenêtre que la neige avait tout recouvert, elle se dit que cela devait être l'explication de ce grand froid, prit un chaudron et sortit pour le remplir de neige qu'elle entreprit ensuite de transformer en eau bouillante. Elle se fit alors une de ces délicieuses infusions dont elle avait le secret, y versa un peu de miel et y trempa quelques biscuits qui lui restaient dans sa boîte en fer.

*Ah me voilà un peu requinquée, mais c'est bizarre j'ai fini tous les biscuits, bu presque 6 bols d'infusion et j'ai encore faim et soif : je n'ai plus qu'à refaire du pain et à réchauffer la viande du cellier qui doit être transformée en glace à présent.*

Sitôt dit sitôt fait, la bonne odeur de pain chaud envahit bientôt la maisonnée, mais la viande avait une odeur bizarre. Electra dut se résoudre à la jeter et à aller chasser dans la neige, ce qu'elle n'appréciait pas particulièrement d'ailleurs...